Les cépages oubliés, sont des plants faisant partie du patrimoine viticole français qui risquent de disparaître au profit de variétés moins nombreuses et réputées plus faciles à identifier par le consommateur.
La résurgence du patrimoine viticole ne valorise pas uniquement un travail de mémoire porteur de savoir-faire, mais permet également de lutter contre cet appauvrissement des collections variétales de nos vignes, qui participe à la standardisation de nos vins.
Notre fameuse Syrah, suite à des tests ADN, descend de la Mondeuse Blanche (mère) de Savoie, et de la Dureza (père) d'Ardèche. Remettons à leur juste place ces deux beaux Cépages !
Favoriser la réimplantation des cépages oubliés consiste à leur restituer une juste place qu'ils n'auraient jamais dû perdre, tout en valorisant de nombreux terroirs, eux aussi oubliés. La poésie de leurs noms résonne claire à nos oreilles : chouchillon, enfariné, douce noire, persan, ondenc, altesse, pelourssin, rèze, oeillade blanche, mauzac, loin de l'oeil ..
Jusqu'au vingtième siècle, la plupart des cépages avaient une aire de culture limitée, consacrée par l'usage. La crise phylloxérique, les maladies de la vigne et le développement des échanges son venus bouleverser des équilibres centenaires subtils. Les hybrides producteurs directs se sont présentés en alternative aux cépages traditionnels.
La pénurie de vin due à la seconde guerre mondiale entraîna une crise de surproduction ; c'est dans ce contexte que le classement des cépages français fut élaboré, en consacrant le choix des viticulteurs eux-mêmes et, en particulier, les variétés traditionnelles déjà retenues lors de la création des appellations d'origine contrôlée tout en abandonnant les hybrides et tous les cépages dont la qualité et la régularité de production ont été jugé insuffisantes.
C'est à cette époque également que furent éliminées par arrachage obligatoire les variétés obtenues à partir de Vitis labrusca, considérées comme prohibées : Noah, Isabelle, Othello, Clinton...Leur résistance naturelle aux maladies ne compense pas le manque de finesse de leur caractère dit "foxé".
L'engouement grandissant relatif aux cépages oubliés ne doit pas faire oublier la réalité des investigations de terrain qui n'en sont qu'à leur balbutiement.
L'hétérogénéité et la variabilité des souches malgré le même génome, par exemple pour les Pinots
bourguignons (noirs, blancs, meuniers), eux-mêmes descendants des Gouais très communs dans
toute l'Europe du Moyen-âge, explicitent les difficultés de détermination des différentes populations
de vignes.
Depuis une vingtaine d'années, la biologie moléculaire apporte des clés de différenciation des
caractères variétaux grâce aux analyses ADN.
Le travail de prospection, assuré par des bénévoles passionnés et le temps nécessaire à la réponse
physiologique de la plante ainsi qu'aux aléas de la vinification de ses fruits demandent patience et
humilité.